Un buzz-word à la mode ? Réflexions critiques sur la notion de résilience
Organisée le 15 mars 2018 à l’Institut Supérieur de Sécurité Humaine par ledit institut en collaboration avec l’Institut National des Sciences des Sociétés (INSS/CNRST), la conférence sur le thème « Un buzz-word à la mode ? Réflexions critiques sur la notion de résilience » a été animée par le Pr. Jacky BOUJOU, Socio-anthropologue et enseignant chercheur à Aix-Marseille Université et membre du Conseil Scientifique de l’ISSH.
En ce début de XXIème siècle, La mondialisation des inégalités économiques et de la domination culturelle, aggravée par les catastrophes naturelles dues au changement climatique, engendre une recrudescence des conflits et de crises humanitaires. Dans ce contexte global, des populations entières sont devenues vulnérables à une multitude de risques et aujourd’hui, la question de leur résilience est devenue un enjeu majeur du développement et de l’humanitaire.
En effet, les bailleurs de fonds et les grandes agences internationales se réfèrent aujourd’hui massivement à cette notion qui a été cooptée de la même manière que le fut celle du « développement durable » dans le passé, aujourd’hui elle est devenue une notion clé de l‘approche managériale qui domine le monde du développement.
Un nombre considérable de programmes d’aide et d’interventions humanitaires pour la réduction de la vulnérabilité prétendent contribuer à la résilience des villes, des territoires, des victimes individuelles, des ménages ou des populations. Elle est mobilisée par tant de groupes d’intérêts différents pour se référer à tant d’activités différentes qu’elle est devenue un buzz-word à la mode qui s’est substitué à la notion de vulnérabilité.
Dans son exposé, le conférencier a montré que la valeur heuristique de la notion de résilience, quelle que soit sa définition, est très limitée et que pour rendre compte des risques encourus par des individus, des groupes, des catégories sociales ou des populations entières, elle ne peut en aucun cas se substituer à la notion de vulnérabilité parce qu’elle souffre d’un certain nombre de faiblesses et de présupposés qui nuisent à sa capacité explicative des logiques sociales d’adaptation au risque.
Pour lui, les notions de vulnérabilité et de résilience sont à considérer comme les 2 pôles d’un continuum d’adaptation au choc.